Alors que des rumeurs d’une marche des veuves et orphelins de Kati inondent la capitale, en lien avec le carnage de ce 17 mars 2019, dans le camp militaire de Dioura, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, est sorti, hier, de son silence. Après avoir condamné ce drame, IBK a sévèrement mis en garde : « Que nous ne soyons plus surpris nulle part ».
Dans un pays en guerre et de surcroit en position défensive, depuis 2013, comment une surprise de la nature de celle de Dioura est-elle arrivée aux FAMA ? C’est en tout cas, la question qui taraude toujours les esprits, bientôt une semaine après le drame.
Le chef suprême des armées qui ruminait jusque-là sa colère a profité, ce jeudi 21 mars 2019, d’une tribune de sortie de promotion du Service national des jeunes (SNJ) pour cracher ses quatre vérités. C’était en présence de la hiérarchie militaire.
« J’ai au cœur, Dioura. Dioura la martyrisée, Dioura la torturée, Dioura l’agressée, Dioura la violentée, Dioura la surprise », avant de taper du poing sur la table ‘’ Que ça ne soit plus le cas. Que nous ne soyons plus surpris nulle part. Messieurs les chefs militaires, je vous y engage instamment en le nom de la Patrie, nous sommes en guerre, aucune négligence, aucune négligence ne saurait plus être tolérée. En tout cas, je ne la tolérai pas pour la vie de nos enfants et de la Patrie’’.
Pour le Président IBK, c’est le Mali qui doit apporter la peur ailleurs, et non le contraire : « c’est nous qui devons apporter la peur ailleurs pas qu’on l’apporte à nous ».
Selon le chef suprême des armées du Mali, ‘’notre pays n’est pas en paix. Nous faisons face à une guerre asymétrique, une guerre traitresse sans règle établie. Il faut que chacun le sache et que nous soyons dans la posture d’une vigilance absolue, accrue. Que nul ne vient plus nous surprendre en train de faire du thé ou en passivité à un checkpoint’’.
Face à la clarté de ce message, des têtes vont-elles tomber dans les jours à venir ? En tout cas, de sources bien introduites, des rencontres se multiplient dans les coulisses pour situer les responsabilités de ce drame, où les terroristes après leur forfait ont pu se retirer sans subir un grand dommage. Le peuple durement écœuré n’attend que cela. IBK doit aller au-delà de la dénonciation de ce qui s’est passé pour agir. Sinon, c’est un secret de polichinelle que ce drame de Dioura, qui a choqué plus d’un, fait depuis, l’objet de plusieurs questionnements. Il a suscité la colère dans certains camps militaires, notamment à Kati et à Nioro du Sahel. Au Camp militaire Cheick Oumar Tall de Nioro, les femmes et enfants en colère ont brûlé des pneus pour empêcher le Chef d’état-major de l’Armée de Terre et sa délégation de rentrer dans le camp.
Par Sidi DAO
Source: info-matin